Antisémitisme sur Twitter : les associations pointent la responsabilité du réseau

Le hashtag #unbonjuif a déclenché un flot de tweets antisémites.

Source Reuters

Le hashtag
Le hashtag "un bon juif" fait scandale sur Twitter. © Sipa

Temps de lecture : 4 min

Le Mrap, SOS Racisme et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) dénoncent lundi ce qu'ils perçoivent comme une vague d'antisémitisme déferlant sur Twitter autour du hashtag #unbonjuif. Dans un communiqué, SOS Racisme se dit "profondément choquée par le déferlement fiévreux de haine répandue sur Twitter ces derniers jours, déclenché par le hashtag d'un internaute ayant suscité l'expression morbide d'un violent antisémitisme sur le réseau social". Le hashtag est un mot-clé qui permet de retrouver sur ce réseau social les messages traitant du même thème.

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"Antisémitisme bestial"

L'association ajoute "souhaiter que l'entreprise Twitter, en tant que personne morale, prenne la mesure de la responsabilité qui est la sienne dans le cas de tels dérapages racistes et antisémites". L'organisation antiraciste assure qu'elle "portera plainte contre les propriétaires des comptes Twitter à partir desquels ont été diffusés les propos antisémites". "On est dans l'injure antisémite grave", a estimé Richard Prasquier, président du Crif, fustigeant "l'antisémitisme bestial de certains tweets".

"Tout cela tombe sous le coup de la loi française, avec toutes les difficultés que l'on connaît pour retrouver les identités réelles des auteurs", a-t-il expliqué, jugeant qu'"il y a une responsabilité propre grave de Twitter quand il indique que ces tweets sont parmi les plus fréquentés".

La responsabilité de Twitter dans le viseur

Pour Richard Prasquier, "Twitter ne peut se décharger de sa responsabilité. Quand il met ça dans les tweets les plus lus [...], cela a un effet monstrueux". Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) assure aussi qu'il "entend poursuivre tous les auteurs identifiables de ces tweets antisémites". Il "exige aujourd'hui de l'entreprise Twitter qu'elle prenne les mesures propres à éviter tout dérapage raciste" et "va proposer, dans cette perspective, de rencontrer ses responsables", ajoute-t-il dans un communiqué.

Il dénonce "la déferlante antisémite" sur les réseaux sociaux, affirmant que ce "nombre record de tweets à caractère antisémite" témoigne de "la résurgence d'un racisme à l'égard des juifs particulièrement inquiétant".

SOS Racisme a notamment assuré qu'elle "portera plainte contre les propriétaires des comptes Twitter à partir desquels ont été diffusés les propos antisémites".

De son côté, l'UEJF, qui s'était indignée dès dimanche, se laissait jusqu'à la fin de la journée de lundi pour décider si l'association engageait une action en justice ou non, privilégiant "une solution concertée". Malgré ses appels au dialogue, l'UEJF disait ne pas avoir eu de nouvelles de Twitter lundi. Contacté à plusieurs reprises par l'AFP, le bureau deS relations presse de Twitter France n'avait pas donné suite. Twitter, dont le siège est basé aux États-Unis, n'a pas de représentant légal en France.

Sentiment d'impunité

"À défaut de réaction spontanée de Twitter Inc. pour se conformer à la loi française, je serai contraint de saisir au nom de l'UEJF le président du tribunal de grande instance de Paris, statuant en référé, afin de voir ordonner sous astreinte le déréférencement du hashtag #unbonjuif et la communication des données d'identification des auteurs des tweets", a déclaré à l'AFP l'avocat de l'association, Me Stéphane Lilti. Lundi en fin d'après-midi, le hashtag était à nouveau en tête des sujets les plus discutés sur Twitter.

"Les tweets reprenant le hashtag sont très nombreux. Beaucoup d'internautes se justifient au nom de la liberté d'expression, tel @LeftyNicolas qui a été retweeté plus de 120 fois : 'Hashtag #UnBonJuif = antisémitisme !! Caricatures CharlieHebdo Mahomet = liberté d'expression !! (Ps : pour information j'suis Chrétien)'".

Selon Synthesio, société d'analyse et de veille sur les réseaux sociaux, "Il y a déjà plus de 1 600 personnes différentes qui se sont exprimées sur Twitter avec ce hashtag, certains publiant jusqu'à une dizaine de tweets depuis le 10 octobre." "Ça y est : j'ai un casier judiciaire !" semblait s'amuser @SubbuteoTotuch, à l'image de nombreux autres twittos qui s'étonnaient que l'on veuille "porter plainte pour un hashtag". "N'importe quel utilisateur peut supprimer sa propre publication, mais il y a toujours une trace qui reste", a précisé Charlotte Lesage, de Synthesio.

"Sur Twitter, il y a un sentiment d'impunité, car il n'y a pas de jurisprudence en France. Il faudrait que quelqu'un porte plainte et aille jusqu'au bout", a déclaré à l'AFP Me Merav Griguer, avocat spécialisé dans le droit d'internet, pour qui le "délit est constitué" du moment qu'un des auteurs de tweets est en France.

Commentaires (20)

  • Clicoeur

    Je peux comprendre votre exaspération, mais vous êtes un homme libre, je n'en doute pas, libre de choisir vos lectures et vos programmes télé. Rien ne vous est imposé.

  • alala

    Comment ne peut on pas être au courant de tout ce que vous avez écrit... On enseigne plus dans nos écoles ces regrettables évènements de l'histoire, plutôt que Napoléon et autre personnage historique... Oui, il ne faut pas oublier ces moments terribles de l'histoire pour ne pas qu'elle se répète. Mais il y a tellement d'autres moments qui sont passés sous silence...

  • edgar

    Non les juifs n'ont pas à se taire. Mais il est aussi vrai que l'on peut aussi parler d'autre chose. Il ne se passe pas une journée où l'on n'impose pas au téléspectateur, au lecteur à l'auditeur des témoignages (non vérifiés) sur cette tragédie bien réelle. Au centième film cela devient lassant et surtout contre productif. [... ].